On en a fait du chemin depuis la créature du folklore antique et médiéval ! Tout d’abord, créature de la nuit, proche du rat et autres vermines, le vampire n’a plus rien à voir (ou presque) avec sa figure moderne. De créature sans conscience associée aux golems ou aux zombies vaudous, il est aujourd’hui un atout charme dans tout projet horrifique. Il est aujourd’hui, aristocrate ou en tout cas de la classe haute, attirant et surtout se rapproche désormais de la succube. Une figure parfaite pour une histoire romantique (voire érotique) sur nos écrans, petits et grands. Mais alors, peut-on encore compter le vampire parmi les monstres ou est-ce la fin pour son capital terreur ? 

Un changement de paradigme 

Le vampire a hanté nos nuits depuis l’Antiquité sous ses différentes formes suivant les folklores: strigoi et autres. A tel point que certaines traditions furent mises en place pour empêcher les morts de revenir. Il va se transformer petit à petit mais c’est véritablement le XIXe siècle qui posera les bases de sa forme moderne. Bram Stocker en fait un noble et un parfait gentleman, puis le roman Carmilla de LeFanu l’inscrit dans le monde merveilleux de l’histoire d’amour morbide et passionnée si chère au roman gothique. C’est ainsi que la littérature puis le cinéma vont peu à peu s’emparer de la créature pour en faire une figure parfaite tant pour le roman gothique que romantique. S’ il continue à utiliser ses pouvoirs pour manipuler ses proies, les fasciner et les séduire à la façon d’une plante carnivore, le vampire moderne a désormais une psychologie et, parfois, un cœur plein de conflits. Ce romantique torturé, devient donc le personnage parfait pour un arc narratif amoureux. 

Ce sont les années 1990’s et 2000’s qui explorera à fond ce nouvel aspect du vampire… parfois jusqu’à l’overdose. Aux cultissimes Dracula de Coppola et Interview with a vampire qui le présentent comme un Roméo moderne succèderont la vague de Buffy contre les vampires, Vampires Diaries, Twilight, Van Helsing, Underworld, La Reine des Damnés, Blades, Une nuit en enfer, True Blood, Moonlight, Vampire Knight…

Notre créature devenu un véritable anti-héros voire un héros tout court, (éro)mantique, il apporte désormais une touche non négligeable de belle gueule, de tension sexuelle et d’histoires d’amours plus intenses que ton avenir. 

Le vampire ne se démode pas 

Le vampire n’a plus grand chose à voir avec la vermine de la nuit des débuts. C’est aujourd’hui une figure aux multiples facettes. Il peut, en effet, garder son côté animal ou à l’inverse, se repentir et chercher d’autres moyens de se nourrir voire tomber amoureux et se questionner sur sa nature monstrueuse. Parce que ce qui fait la longévité de la créature c’est surtout sa plasticité. Un personnage vampirique apporte, en effet, bien plus qu’un beau faciès mais aussi un sous-discours plus ou moins subtil. Il parle ainsi d’homosexualité dans Entretiens avec un vampire, de conflits politiques dans Underworld, de passage à l’âge adulte et d’identité dans Twilight. Il s’intègre donc parfaitement dans divers sujets qui, eux, ne se démodent jamais. 

Malgré le tsunami érotico-romantique des années 1990/2000, le vampire a encore de beaux jours devant lui au sein de la (pop) culture. Sa plasticité et sa nature d’outsider monstrueux en fait une figure parfaite pour traiter de nombreux sujets de manière plus ou moins appuyée. Le vampire n’a donc pas fini de hanter nos nuits mais surtout nos écrans.