#Explociné : Spectre/ Comment représenter un fantôme à l’écran ?

Comment faire exister le fantôme au cinéma, art de la monstration ? Figure de l’irréel et de l’illusion, le revenant a gagné ses lettres de noblesse par la littérature. L’écriture suggère et appelle l’imagination. Comment la caméra peut-elle alors rivaliser et faire frissonner son public ? Petit aperçu …

Une apparition

La caméra montre. Encore faut-il choisir ce qu’elle montre. Et c’est là qu’entre en jeu la créativité de l’équipe. Le fantôme peut ainsi avoir très simplement un corps matériel. Il est possible alors de jouer avec ledit corps. Le montrer ? Si oui, quand ? Et surtout comment ? 

Kwaïdan, Masaki Kobayashi, 1964

Ce corps peut être montré partiellement: des yeux par-ci, une main par là. Ceci dans l’objectif de faire monter la pression avant la révélation finale ou non si il est décidé de ne pas dévoiler l’entièreté du revenant. 

Apparences, Robert Zemeckis, 2000

L’environnement est alors un immense terrain de jeu. L’eau et les miroirs ou toute surface réflexive, par exemple, permet de lancer un jeu de chat et de la souris avec le regard. 

La nuit ou tout simplement l’obscurité également peut faire l’objet d’une multitude de situations de monstration partielle ou complète. 

L’art de la suggestion 

L’enfant du Diable, Peter Medak 1980

Utiliser l’environnement est donc une véritable mine d’or. On croit apercevoir quelque chose, puis non. Le doute s’installe. Etait-ce une ombre ? Le décor mais aussi les accessoires peuvent ainsi servir la tension dramatique voire complètement incarner le revenant. Une photo ou un portrait installé bien en vue peut ainsi devenir la cristallisation de ce fantôme qui hante le film. Un jouet d’enfant ou n’importe quel objet peut alors devenir le porteur de suspens. 

Le point de vue est également extrêmement important lorsque l’on s’attaque à la suggestion d’un tel concept. Le passage du jour à l’obscurité peut ainsi installer une ambiance propice à l’apparition fantastique. Le sommeil surtout peut permettre de dessiner une frontière entre le visible et l’invisible, entre la réalité et l’imaginaire et surtout amener le regard à douter de ce qu’il a bien pu voir. 

La folie d’un personnage, d’ailleurs, peut aussi servir ce but notamment lorsqu’il s’agit d’une narration à la première personne. 

Le point de vue peut également être déplacé et prendre le regard même du fantôme. On voit ainsi ce que le fantôme voit et parfois, on ne voit donc pas le fantôme lui-même. 

Beetlejuice, Tim Burton, 1988

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