#Explociné : Cyberpunk / Esthétique d’une dystopie

La science-fiction a le vent en poupe en ce début de décennie. Alita, Blade runner 2049, Ready player one ou encore Ghost in the shell ont ameuté les foules. Plus encore que la SF, c’est l’un de ses sous-genres qui est plébiscité par le public, le cyberpunk. A la lumière des néons colorés, l’esthétique et les problématiques du cyberpunk sont plus populaires que jamais… 

Repères historiques 

Il n’y a pas véritablement d’œuvres qui ferait foi comme étant la naissance du cyberpunk. La naissance du Jésus Christ de métal est régulièrement datée par la sortie du roman Neuromancien de William Gibson.

Si celui-ci pose, en effet les bases de ce que sera le cyberpunk, il s’agit plutôt d’un savant mélange d’influences. Le XIXe siècle, notamment, fera beaucoup pour la création d’une esthétique mêlant technique, organique et questionnements existentiels. Jules Verne ou H.G Wells ont autant inspiré le steampunk qui se concentre plutôt sur la figure de l’inventeur que le cyberpunk, qui s’intéresse plutôt au point de vue de la machine. Là où l’homme est plutôt démiurge dans le premier, le second se penche à bras le corps dans une dystopie aliénante dans laquelle la machine domine et l’humanité se floûte. 

Le cyberpunk est d’abord profondément ancré dans la littérature donc et cela va continuer jusqu’à notre époque avec l’oeuvre du génial Philip K.Dick ou encore le Akira de Katsuhiro Ôtomo. 

Akira, Katsuhiro Ôtomo (1991)

L’avènement de la technologie quotidienne (télévision, premiers ordinateurs …) et l’entrée des machines au sein même des foyers fait des années 1980’s, LE siècle de la naissance du cyberpunk moderne. Les années 1990’s vont alors affiner le tableau qui va alors se parer de superbes gemmes comme Ghost in the Shell de Masamune Shirow (1991) ou le Matrix des soeurs Wachowski (1999). Si il est un peu oublié dans les années 2000’s et relégué dans la panoplie de tout bon geek, le milieu des années 2010 vont le voir retrouver la lumière avec la série Mr Robot et de nombreux remake/ suites d’œuvres qui ont fait leurs preuves. L’originalité et le renouveau du genre, quant à elle, est toujours assez vivace au sein du cinéma underground.

Un genre résolument moderne mais surtout universel 

Blade Runner, Ridley Scott, 1982

Que serait un film cyberpunk sans une bonne remise en question existentielle ? Souvent étiqueté “film de geek”, le genre est indissociable d’une certaine exploration philosophique. Le sang et la violence trouve, en effet, un sens qui n’est jamais vraiment laissé au hasard. Le thème du transhumanisme, bien évidemment, de la simulation et des mondes virtuels sont tout à fait en accord avec les réflexions d’une société qui se technicise de plus en plus. Quelque chose protège cependant des classiques comme Blade Runner (Ridley Scott) du vieillissement. L’universalité des questionnements abordés permet, en effet, d’en faire un genre aussi moderne que l’est un Socrate.

A travers le conflit homme/ machine, androïde et autres mondes parallèles, c’est le regard de l’autre et la notion d’altérité qui sont soulevés. Les autres thématiques abordées telles que le corporatisme ou même encore le mélange sexe et violence sont également soumis à la réflexion du public et amène un débat beaucoup plus profond que ne laisse paraître les giclées de sang et de néons. 

Esthètes et têtes coupées

Sans surprise, le cyberpunk emprunte beaucoup, dans sa réflexion et dans son esthétique, au …. punk. Vous ne l’aviez pas vu venir hein ? Il y a-t-il besoin de préciser ce point ? L’absence de futur envisagé, le rejet du système en place, la constitution de bande suffisent à définir la filiation. La piraterie et surtout la figure du pirate 2.0 fait également partie du décor. 

Le cyberpunk fait régulièrement la part belle au plan travaillés voire même ciselés. A contrario, ces pépites visuelles sont souvent contrebalancées par des séquences plus sauvages et aux images quelques peu dérangeantes. Le métal de la machine se lie ainsi à l’organique sans fard et le visuel explicite le discours. 

Le Japon, enfin, est un haut lieu du cyberpunk, si ce n’est sa Mecque. Hors et à l’écran, le pays du Soleil Levant est un véritable checkpoint pour le genre. L’esthétique, d’abord, ne peut pas ne pas évoquer les grandes villes nippones avec les rues bondés et noires de mondes éclairées par de grands panneaux lumineux ou encore plus récemment les androïdes directement inspirés de geisha. Le Japon est surtout le producteurs d’oeuvres devenues des classiques du genre et notamment grâce à la plasticité de son dessin. Citons, par exemple, le film d’animation Ghost in the shell ou le manga Akira. Le Japon connaît, par ailleurs, un âge d’or au sein de la pop culture, notamment grâce aux jeux vidéos, au cours des années 1980-1990’s à peu près en même temps, donc, que le cyberpunk. 

Ghost in the Shell, Rupert Sanders, 2017

Le cyberpunk, comme la science-fiction en général, connaît un retour en grâce dans les milieux mainstream depuis environ une petite décennie. La sortie du quatrième opus de la saga Matrix, Matrix Résurrection, ne peut que réjouir les fans du genre. Il est, cependant, à déplorer que les gros succès du box office ne concernent encore qu’en grande partie des remake et des licences réchauffées où l’on ne montre les progrès qu’uniquement en termes de technique et de VFX. A quand un véritable renouveau du genre ?

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