Le cinéma est une fantastique plateforme pour qui souhaite faire passer un message. Du film historique à la mémoire des martyrs de la Shoah (Inglorious bastereds, La liste de Schindler …) au film politique engagé contre le racisme (Ten years a slave, Do the right thing, Blackkklansman …) en passant par le film éducatif avec Disney en pole position, nos bibliothèques Netflix et consorts sont emplis de ces plans qui valent plus que des discours. Plus souvent utilisé comme un élément de décor narratif que placé au centre de l’intrigue, la santé mentale est de plus en plus intégrée aux grandes questions fouillées par le cinéma. Il n’est plus si rare de voir des personnages principaux aux prises avec leurs addictions (Trainspotting, Enter the void…) ou la dépression (Happiness Therapy…).
Est-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Petit tour d’horizon…
Le besoin de représentation
A la fin des années 1980’s et début 1990’s, le grunge s’installe. Comme en réponse aux représentations dorées et sourires ultra bright des 1980’s, ce nouveau courant réclame du vrai, les craquelures sous la belle peinture chromée. Kurt Kobain au premier plan, l’artiste se fait rockeur, bad boy sensible et réclame la libération des sentiments, de tous les sentiments (comme il n’est pas sans rappeler les Romantiques du XIXe siècles, cc Chateaubriand, Poe et Baudelaire).
Ce retour du sensible et surtout son succès commercial fait émerger de nouvelles oeuvres plus sombres avec une approche plus psychologique des personnages et du contexte. Ce qui permet pour certains leurs premières rencontres avec les troubles mentaux. Jusqu’ici tabou et assez mal compris, les troubles obsessionnels compulsifs, la dépression, les troubles alimentaires et d’autres sont mis alors sur le devant de la scène (quand ce n’est pas au centre) et des oeuvres comme Rainman (Barry Levinson, 1988) ou Requiem for a dream (Darren Aronofsky, 2000) répandent l’émoi et surtout lancent enfin le débat autour de ces pathologies et des vies qu’elles créent.
L’industrie du spectaculaire
Le cinéma, cependant, reste un divertissement de masse. Ce caractère de divertissement induit alors qu’ il faut que le film soit accrocheur, qu’il fasse passer un moment riche en émotions et la volonté d’en faire profiter un public le plus vaste possible implique de devoir s’adapter, aplanir. Le cinéma a donc pour fâcheuse habitude de se concentrer sur ce qui sera fort, spectaculaire et propre à marquer les esprits. Les phases maniaques, qui ne sont pourtant qu’une infime partie de certains troubles du comportements, sont ainsi montrées à outrance lorsque tout le reste (phases dépressives, différences dans l’acceptation du monde, répercussions physiques…) sont presque invisibles des écrans. Seule porte d’entrée dans la psycho-éducation de certains publics, le cinéma met ainsi en avant les pathologies ou les phases de certaines autres, qui inclut des délires parfois spectaculaires, bien loin donc de la réalité.
De l’importance du cliché
Le cinéma, s’il est un formidable vecteur de sensibilisation, peut aussi être une machine à clichés tout aussi formidable. Pensez à la représentation de l’autisme dans Rainman (Barry Levinson, 1988), par exemple. Il s’agit là d’une généralisation (un peu grossière) des troubles du spectre autistiques qui a malheureusement encore ses conséquences sur le comportements des non initiés face à ce genre de troubles (malgré le fait, qu’il ai pa La schizophrénie, encore, représentée dans Black Swan est là aussi extrêmement simplifiée et use et abuse du cliché de la double personnalité (trop) souvent liée à ce genre de trouble (le duo tutu blanc et noir). L’ Aviator de Martin Scorsese (2004), également, fait du trouble obsessionnel compulsif, une simple obsession de la propreté. Il y aurait encore énormément matière à pointer les incohérences et les images véhiculées par le grand écran. Le cliché, dans tout ce qu’il a de dévastateur, entretient ainsi une certaine méfiance (voire une exclusion) envers ces pathologies et laquelle peut faire beaucoup plus de dégâts que le trouble lui-même.