#Explociné : L’enfance/ L’animation c’est seulement pour les enfants ?

Qui ne se souvient pas du scandale créé par la sortie du film d’animation Sausage party ? Un dessin animé au caractère ouvertement sexuel qui a fait couler beaucoup d’encre. Ces dernières décennies, le marché du cinéma d’animation regorge de films d’animation à destination des enfants petits et moins petits. Ce serait presque à en oublier que le cinéma d’animation n’a jamais eu vocation qu’à être ce qu’il est: du cinéma c’est-à-dire de l’image animée dans le but de raconter une histoire, parfois mais surtout (et toujours) un art. Alors, certes, La Reine des Neiges, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde mais ce n’est qu’un exemple dans une cinématographie à l’histoire et aux œuvres aussi riches que son célèbre (et célébré) petit frère. 

Qu’est ce que le cinéma d’animation ? 

Tout d’abord mettons les points sur les i : le cinéma d’animation, comme pour la prise de vue réelle est un terme générique. Les dessins ne sont pas les seuls à pouvoir se targuer d’être animés. Il se décline ainsi de nombreuses techniques comme le stop motion, la 3D ou les silhouettes de papiers.

L’expression consacrée pour désigner l’animation, d’ailleurs, est le septième art bis. Le septième est le cinéma et le huitième, la télévision (mais je ne vous apprends rien). Une dénomination qui laisse entendre que l’animation est subordonnée à la prise de vue réelle. Elle est cependant plus ancienne que son illustre parentée puisqu’on a pu retrouver la volonté de créer une image en mouvement depuis l’art pariétal. La grotte de Lascaux comporte, en effet, un dessin de taureau à plusieurs pattes semblant traduire la marche. Les jeux optiques (kinétoscope et consorts) participent également de cette volonté d’animer une image mais sans la technologie suffisante, le médium pictural fut le seul pendant longtemps. L’envie de donner vie à quelque chose d’inerte, d’ anima qui signifie en latin, “souffle, âme”, remonte aussi loin que le besoin de raconter. 

Le dessin animé et sa valeur pédagogique 

L’animation a d’ailleurs ce pouvoir particulier de pouvoir plus subtilement parler de certains sujets. Des dessins, des poupées ou surtout, des personnages anthropomorphiques permettent au spectateur de se dissocier plus facilement des péripéties du film. Animer des objets (ou des pixels) c’est aussi se libérer des lois de la physique et créer plus librement un monde nouveau souvent fantastique. Ceci procure alors à l’animation une grande capacité pédagogique car on peut alors accéder plus subtilement à l’inconscient du spectateur voire lui montrer différemment. Si, certes, énormément de films sont adaptés aux enfants (avec ou sans double discours pour les plus grands, comme c’est souvent le cas avec les Disney par exemple) grâce notamment de cette capacité pédagogique, l’animation permet aussi de parler de questions plus obscures. Les films de Ari Folman en sont l’exemple parfait.  Le réalisateur discute ainsi les questions de notre siècle tels que notre relation au numérique et les inégalités sociales dans Le Congrès ou la guerre et le syndrome post traumatique avec Valse avec Bachir. 

Notons que le pouvoir de l’animation fut d’ailleurs utilisé à des fins politiques, tout comme la prise de vue réelle. Le cartoon, par exemple, fut un fort outil de propagande et de soft power des USA au cours des conflits des années 1940’s.

L’art d’animer 

Le cinéma d’animation est parfois considéré comme le parent pauvre du cinéma. Il est, en effet, souvent réduit au dessin animé pour enfant ou aux animés japonais avec des ninjas (faut dire que c’est cool les ninjas). Il s’agit cependant bien d’une forme d’art aux techniques et univers diversifiés. Comme tout art, il n’a pas pour seule vocation à simplement occuper le petit Kévin après le goûter. Il s’agit ici de parler au spectateur, d’instaurer un dialogue de manière plus ou moins subtile afin de le faire se questionner ou simplement s’émerveiller et ce quel que soit son âge. 

Petite sélection de films animés pas si enfantins que ça :

Le roi et l’oiseau, Paul Grimault, 1953

Valse avec Bachir, Ari Folman, 2008

Le Congrès , Ari Folman, 2013

Akira, Katsuhiro Otomo, 1988

Ghost in the shell, Mamoru Oshii, 1995

Persepolis, Marjane Satrapi & Winshluss, 2007

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