Explociné : Les cités perdues / L’homme doré, le colonialisme & le cinéma

Par delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, – si tu cherches l’Eldorado” , Edgar Allan Poe, 1849 (traduction de Stéphane Mallarmé) 

El Dorado signifie littéralement “le doré” ou encore “l’homme doré”. Si l’on retrouve plusieurs occurrences de villes mythiques (ou du moins perdues) dans la jungle des anciens empires précolombiens, la ville dorée est LA référence ultime. Son nom est même devenu une expression commune pour désigner une découverte archéologique exceptionnelle ou encore un paradis inaccessible. Une ville couverte d’or et de joyaux voilà qui est propre à éveiller les convoitises mais aussi les théories les plus dantesques. 

Une ville d’or et de mystères 

Il existe une foultitude de mythes quant aux origines de la légende. Des figures de style de bardes en manque d’inspiration aux interprétations de codex, tout y passe (ou presque). Certains avancent même des théories aux airs de Stargate SG1 ! 

Toute légende qui durent, cependant, renferme quelques touche de vérité. 

L’Amérique du sud possède, en effet, des mines d’or et de minéraux encore très largement emplies de leur précieuse ressource car épargné par le modèle d’exploitation de masse à l’européenne. S’il y a bien eu des populations qui utilisaient l’or dans la vie quotidienne, le minéral était cependant réservé aux rituels, devantures de temples et autres marqueurs sociaux. Certaines tribus auraient ainsi pour tradition de jeter des offrandes dans des lacs souterrains appelés cenotes à certaines dates symboliques. Ces offrandes pouvaient ainsi contenir des victuailles, des étoffes et de l’or. 

L’explication la plus répandue au cours de ces dernières années se concentrerait autour d’une cérémonie tribale qui se serait déroulée aux abords du lac Guatavita (Colombie). Un dignitaire se couvrirait ainsi d’or et plongerai dans le lac afin d’apaiser les dieux (plus d’infos par ici https://www.nationalgeographic.fr/histoire/la-legende-de-la-contree-mythique-de-leldorado ). De là viendrait, semble-il, son nom de “l’homme doré”. 

Comme toute légende, la rumeur fut colportée d’années en années et de siècle en siècle jusqu’à devenir mythe. Celui ci servit ainsi d’appât pour nombre d’explorateurs en mal d’aventure, de richesse et de gloire mais aussi pour la main d’oeuvre des conquistadors venu chercher fortune. 

Un certain nombre d’hypothèses ont donc été avancées quant à la naissance de la légende mais aucune n’a pour l’instant pris le pas sur les autres (mise à part les ovnis sorry). Un halo d’incertitudes qui laisse ainsi le champ libre aux arts narratifs et surtout celui qui nous intéresse ici, le cinéma. 

Le cinéma et le colonialisme 

Le cinéma n’est donc pas en reste quant aux occurrences de villes mythiques ensevelies sous la végétation tropicale. Lara Croft et Indiana Jones en tête, les villes de la jungle sont devenues le passage obligé de tout protagoniste qui se revendiquent aventurier. 

Certains tel que Werner Herzog ont cependant pris le parti d’utiliser la légende pour traduire la fièvre de l’or des conquistadors. Une fièvre telle qu’elle s’est mise à les consumer, les menant parfois à des actes d’une violence extrême envers les indigènes mais aussi envers leurs propres camps parfois. Rendu fous par leur désir de richesse, ils volent, trichent, mentent et trahissent. 

La caméra dévoile ainsi un appel de l’or qui sert ainsi d’appât voire d’excuse à un colonialisme brutal. 


Courte sélection de nos épopées préférées :

. The Lost City of Z, James Gray, 2017


. El Dorado, Eric Bergeron, Don Paul, Jeffrey Katzenberg, 2000


. Aguirre, la colère de Dieu, Werner Herzog, 1972


. El Dorado, Carlos Saura, 1988

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