Même si notre passion première avec les extraterrestres a toujours été de les combattre et de leur donner l’image d’envahisseurs exorcisants notre peur de l’autre, très vite nous avons également voulu les rencontrer de manière pacifiste.

Vu sous un autre jour, les aliens deviennent alors une civilisation toujours plus avancée que nous mais surtout bienveillante à notre égard. La rencontre avec les êtres venus de l’espace se transforment alors en opportunité de s’élever sous tous les plans.

Le jour où la Terre s’arrêta, Robert Wise, 1951

https://www.youtube.com/watch?v=y5sBiliznTk

Une soucoupe volante atterrit à Washington D.C. Klaatu, un extraterrestre et son acolyte robotique Gort sortent du vaisseau, et sont accueillis par l’armée américaine. Ils se font tirer dessus et, blessé, l’extraterrestre se retrouve à devoir fuir. Il prend forme humaine et se cache chez une famille. Sa mission ? Délivrer à la Terre un message qu’elle n’est peut-être pas prête à recevoir…

Le jour où la Terre s’arrêta est devenu un film culte, et est considéré comme l’un des premier grand chef d’oeuvre de la science fiction. L’originalité est que le personnage principal est l’extraterrestre et non un humain, et qu’au lieu de venir pour nous décimer, ils viennent nous avertir. 

(Attention, spoiler !) En effet, le message de Klaatu se révèle être ce-dernier : toutes les races de l’Univers se rassemblent sous une seule et même Fédération. Ils sont venus proposer à l’Humanité d’être des leurs, mais ils sont surtout là pour intimer aux êtres humains d’être moins violents… Sinon nous risquons une destruction certaine. En période de Guerre Froide et quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, cette fiction tout public ose délivrer un message de paix certes, mais une forme d’avertissement silencieux : avec ou sans l’intervention extraterrestre, l’escalade de notre violence pourrait très bien causer notre extinction.

2001, L’Odyssée de l’Espace, Stanley Kubrick, 1968

Arthur C.Clark, auteur de science fiction, écrivit d’abord une nouvelle : La Sentinelle. Elle servit de base au projet que lui et le réalisateur américain Stanley Kubrick allait mener ensemble : l’écriture parallèle du film 2001, L’Odyssée de l’Espace et du roman du même nom.

Le début du film nous amène au début de l’Humanité, lors de l’apparition du mystérieux monolithe, grand rectangle noir, au milieu de nos ancêtres australopithèques. Des millénaires plus tard, en 2001, la même chose est déterrée sur la Lune, et émet une onde radioélectrique vers Jupiter. Une mission de deux astronautes y est envoyée, mais ces-derniers n’ont aucune idée du véritable but de leur voyage. Avec eux, l’ordinateur central, HAL, doté d’une intelligence artificielle qui posera problème…

Il n’est pas nécessaire de présenter à quel point ce film est culte et considéré comme un chef d’oeuvre grandiose du cinéma de science fiction, et du cinéma tout court. 2001 n’a pas de protagoniste principal que l’on suit du début à la fin du film, si ce n’est l’Humanité toute entière. En effet, ce film raconte notre quête en tant qu’espèce, notre évolution de l’aube de notre existence à un futur dans les étoiles.

Les extraterrestres sont une forme de vie supérieure à la nôtre. Ils déposent le monolithe à des moments et des lieux précis, pour déclencher le passage à l’étape suivante de l’évolution. Ils sèment ainsi des civilisations, les amenant à grandir, à voyager.

La rencontre ici se fait par l’intermédiaire de cet étrange outil, venu nous donner l’impulsion d’avancer. Nous ne rencontrons jamais ces semeurs de monde en chair et en os, tout contact de cette sorte serait impossible car comment appréhender une forme de vie qui n’a rien à voir la nôtre ? H.P.Lovecraft disait que les créatures de ses mondes imaginaires n’étaient pas visibles et compréhensibles par le cerveau humain, et il en est de même pour les extraterrestres.

Expérimental, 2001 a souvent fait froncer des sourcils par sa fin, ou même sa longueur. Mais il s’agit bien d’une épopée à échelle spatiale, traversant les âges et les planètes, qui nous amène à repenser à notre Histoire et à notre place dans l’Univers.

Rencontres du Troisième Type, Steven Spielberg, 1977

Dans l’Indiana, pendant une coupure d’électricité, Roy Neary aperçoit une une soucoupe volante. Dès lors, lui et les autres témoins de l’évènement sont hantés par ce souvenir et d’autres visions d’une montagne inconnue. Il cherche alors absolument à découvrir la vérité derrière ces phénomènes mais le gouvernement impose le silence. De son côté, le scientifique Claude Lacombe enquête sur des faits absurdes : des avions de la Seconde Guerre Mondiale retrouvés en état de marche, un cargo découvert au milieu du désert de Gobi…

ll s’agit peut-être d’un des films les plus personnel de Steven Spielberg. Il a, en effet, réécrit les trois quart du scénario, à l’origine rédigé par Paul Schrader. Son intention était de raconter l’histoire d’un contact extraterrestre non pas du point de vue d’un militaire ou d’un scientifique, mais d’une personne « lambda ». Le personnage du film, père de famille maladroit, est abandonné par sa femme et ses enfants à cause de son obsession pour ses visions. La figure du père absent et séparé est un archétype du cinéma de Spielberg qui donne à cette histoire d’extraterrestre un nouvel angle d’attaque.

Venus dans un but heureusement bienveillant, la rencontre avec ces êtres se fait à travers les yeux de celui qui pourrait être notre propre parent ou ami et nous plonge davantage dans l’expérience.

E.T., Steven Spielberg, 1982

Trois enfants découvrent et se prennent d’affection pour un petit extraterrestre qu’ils hébergent en secret chez eux.

Film culte de notre enfance, c’est un autre classique de Steven Spielberg que nous citons. Encore une fois, le réalisateur s’est éloigné du schéma de la rencontre entre un groupe de scientifiques et militaires, pour établir le lieu de l’action dans le jardin d’une modeste famille. Ici, pas de grand message pour l’Humanité, pas de vaisseau spatial à prendre ni d’élévation vers un stade supérieur. En revanche, un sublime film sur l’amitié et la famille, rythmé par la composition de John Williams. Lorsque le gouvernement débarque, c’est dans des blouses blanches menaçantes, pas en héros. Car ET l’Extraterrestre n’est pas venu dans une grande soucoupe pour nous anéantir ou nous tendre la main, il s’est perdu, oublié par les siens. 

À l’instar de l’oeuvre précédente, c’est un film extrêmement personnel pour Spielberg qui le considère comme son projet le plus intime. Enfant solitaire fan d’ovnis, il s’était créé un ami imaginaire qui servit d’inspiration au plus célèbre des extraterrestres. ET est donc plus un film sur l’enfance et la solitude, c’est plutôt le lien parfois maladroit entre enfants et adultes, qu’un film d’extraterrestre pur et c’est sans doute ce qui l’a fait sortir du lot : nous nous sommes tous vus en les jeunes héros, et nous avons tous rêvé de créatures, parfois venues des étoiles…

Abyss, James Cameron, 1989

Quand un sous-marin américain coule dans l’Atlantique, une équipe de recherche et de récupération des États-Unis travaille avec l’équipage d’une plateforme pétrolière, faisant la course contre les navires soviétiques, pour retrouver le navire. Au fond de l’océan, ils rencontrent une nouvelle et mystérieuse espèce.

C’est le film parfois oublié de James Cameron (avec Piranha 3D, son premier long métrage mais passons vite à autre chose…). Dans ce film là, pas de soucoupe descendue du ciel. Tout se déroule… sous l’eau ! Les extraterrestres sont d’ailleurs longs à venir : le film se concentre surtout sur la situation de huis-clos oppressants entre les membres de l’équipage, coincés ensemble sous le poids de l’océan. Soumis à la pression physique et psychologique, les tensions apparaissent… Ce n’est que plus tard que le contact a lieu entre les deux formes de vie.

Suite à la menace nucléaire entre les blocs États-Unis et URSS, ils viennent nous demander d’arrêter de nous faire la guerre. Mi-menace, mi-avertissement pacifiste, leur message se veut aussi une proposition d’éducation afin de prévenir notre prochaine extinction.

Contact, Robert Zemeckis, 1997

Ellie Arroway est à la tête d’un programme d’écoute spatiale que la communauté scientifique ne prend absolument pas au sérieux, et qu’elle tente de sauver en permanence avec son équipe, dans l’espoir un jour de découvrir l’existence d’une forme de vie extraterrestre intelligente. Un jour, ils captent un message venu du système solaire de l’étoile Vega.

À l’origine, c’est un roman de l’écrivain et astronome Carl Sagan (que l’on vous recommande d’ailleurs de lire ! ), avant de devenir l’adaptation cinématographique de Robert Zemeckis. Ici, les extraterrestres nous envoie les plans d’un véhicule permettant de les rejoindre afin de les rencontrer. Le contact a bien lieu, mais pas de la façon à laquelle on s’attendrait. En effet, l’auteur Carl Sagan avait déjà conseillé à Stanley Kubrick de ne pas montrer en chair et en os les aliens dans 2001, et il l’a appliqué à sa propre oeuvre et fait respecter par Zemeckis.

La rencontre se fait par le biais d’images mentales, les extraterrestres prenant la forme d’un souvenir d’Ellie, car les voir en vrai serait un choc trop brutal pour l’esprit humain. Quant au reste de l’Humanité, ce premier contact établi est un sursaut, une préparation pour la suite, car comme nos voisins célestes nous le disent, il faut y aller pas à pas.

Premier Contact, Denis Villeneuve, 2016

Douze vaisseaux extraterrestres s’immobilisent sur toute la Terre. Une experte en linguistique comparée est engagée par les gouvernements pour établir un contact avec les aliens et découvrir leurs intentions…

Le principal atout de ce film — outre la sublime réalisation de Denis Villeneuve — est sa façon d’aborder le sujet : le langage. On a toujours créé des films où humains et extraterrestres se comprennent à peu près, par les mots ou par les gestes. Jusqu’ici, il était rare que la langue soit une barrière essentielle à surpasser. Au lieu de se concentrer sur la science brute, c’est la communication qui est au coeur de cette oeuvre. 

Toujours au coeur des films d’extraterrestres : le thème de l’Humanité et nos relations entre pays. Car c’est ce que reflètent les aliens : rien de plus que nous-mêmes. La barrière du langage et les tensions qui mènent à l’affrontement militaire font partie des problèmes qui ont secoué notre monde et notre espèce.

Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, vous nous donnerez des nouvelles de la fin, qui retourne l’esprit et le coeur… 

Autrefois, ils venaient surtout nous exterminer. Mais les aliens se sont vite vus devenir porteurs de messages pacifistes à notre encontre et d’impulsions à l’avancée de l’Humanité.

Malveillants comme bienveillants, les extraterrestres dans nos histoires servent avant tout à soulever les problèmes de notre espèce : la peur de l’autre, la tentative d’avertissement quant aux dangers de la guerre, l’importance de l’évolution.

Cette liste est non exhaustive, et bien d’autres films traitent de ce vaste sujet, sans malheureusement pouvoir répondre avec certitude à l’éternelle question : sommes-nous seuls dans l’Univers