Un été au Cameroun : Une mosaïque bariolée entre racines et modernité (2/3)

Médias locaux

Des réformes démocratiques ont été menées dans la 2e moitié des années 1990 au Cameroun. Elles ont eu pour conséquences, entre autres, la création de médias indépendants du pouvoir politique.

La presse écrite est sans doute le secteur médiatique le plus développé et le plus diversifié, marqué par une relative liberté d’expression depuis la suppression, en janvier 1996, de la censure préalable. Il existe au Cameroun une presse officielle, subventionnée par l’Etat, et dont le grand titre national est Cameroon Tribune, un quotidien bilingue (français/anglais), et une presse privée, très active, proposant un grand nombre de journaux d’informations. Parmi ces journaux privés, on peut citer les quotidiens  : Mutations, Le Messager, La Nouvelle Expression, Le Jour  ; les hebdomadaires  : Le Front indépendant, Aurore Plus  ; les sporadiques  : La Nouvelle Presse, Le Jeune Détective, Le Jeune Enquêteur, L’Action, L’Indépendant, La Nouvelle Tribune, Nouvelle Afrique, etc.

Vous pourrez également trouver plusieurs journaux et magazines étrangers, notamment français, dans les librairies des grandes villes, les supermarchés et les boutiques de certains hôtels.

Radio

C’est le média le plus utilisé au Cameroun, une partie non négligeable de la population étant illettrée et la télévision, tributaire du courant électrique presque inexistant dans les contrées rurales, restant réservée aux Camerounais les plus aisés, du fait de son coût. Autrefois monopole de l’Etat, le secteur de l’audiovisuel a depuis plus d’une décennie été libéralisé. Le pays possède désormais plusieurs chaînes de télévision privées et une multitude de stations de radio, dont la principale est sans conteste la chaîne de radiotélévision nationale, la CRTV (Cameroon Radio and Television – un organe d’information public), avec ses relais dans les 10  provinces du pays. Les chaînes de radio privées (réduites aux dimensions des localités où elles sont basées) émettent uniquement en FM, faute d’autorisation gouvernementale de couvrir l’ensemble du territoire national, privilège (très contesté) réservé à la seule CRTV.

La grande majorité des informations diffusées concernent l’actualité nationale ou régionale du Cameroun. La langue utilisée est en général le français, bien que quelques émissions soient réalisées en anglais ou en langue locale, surtout pour les programmes des antennes provinciales de la CRTV. Celle-ci possède également 4 stations FM commerciales. Les radios privées ayant pignon sur rue sont entre autres  : Magic FM, Radio Lumière, Reine, Siantou à Yaoundé, Équinoxe à Douala, etc. De petites radios rurales ont aussi fait leur apparition sur les ondes, avec des moyens souvent très limités, et s’adressent en langue locale à leurs auditeurs. C’est le cas par exemple de Radio Fotouni dans la province de l’Ouest, de Radio Femme à Mbalmayo, Radio Colombe à Saa, dans la province du Centre, etc.

Télévision

C’est un média récent au Cameroun. La télévision nationale, qui ne dispose que d’une seule chaîne (celle de la CRTV), émet seulement depuis décembre 1985. Les émissions sont depuis deux ans diffusées en continu, 24 h/24, de lundi à dimanche.

D’autres chaînes de télévision (privées) ont fait leur apparition dans le paysage audiovisuel camerounais, notamment  : Canal 2, Ariane TV, Samba TV, STV, etc. Basées essentiellement à Douala et Yaoundé, elles couvrent cependant, pour la plupart, une portion importante du territoire national. En outre, la plupart des hôtels proposent la télévision par satellite, ce qui vous permettra de capter de nombreuses chaînes étrangères, comme CNN, Euronews, TV5, France 24, etc. La télévision reste un média peu répandu dans la population camerounaise, car son prix constitue toujours un obstacle à sa diffusion.

Musique

La musique que l’on joue au Cameroun est avant tout une musique traditionnelle, qui puise son inspiration dans la culture et l’imaginaire camerounais. Elle s’accompagne souvent de danses et de chants ancestraux, très différents selon les régions. Ainsi le luma, dans l’Est, est une danse que les Pygmées, qui sont de grands musiciens, exécutent pour manifester leur joie après une chasse fructueuse ; le djingo, lui, est une danse rituelle des Bassa’a, exécutée de nuit pour exorciser une menace ; le ngosso est un chant qui rythme de nombreuses fêtes traditionnelles ; comme le ngondo (énorme fête traditionnelle des Peuples de l’eau, les Sawa)…

Comme toutes les musiques traditionnelles, la musique camerounaise est fondée sur un enseignement essentiellement oral. Elle ne se transcrit donc pas sur partition à l’usage des musiciens. La musique africaine en général, et celle du Cameroun en particulier, se distingue donc de son homologue européenne dite  » classique  » ou  » sérieuse  » par cette littérature orale. L’une des plus importantes caractéristiques de ce genre musical est le rythme. En effet, la musique et les danses traditionnelles du Cameroun, essentiellement domestiques jusque dans les années 1970, sont constituées de plusieurs styles rythmiques différents : le bikutsi, le makossa, le ben-skin, l’assiko, le mvet, le bol, le ngosso, l’ozila, l’essani, etc. Le bikutsi est une danse typique du peuple Béti, dans le centre du pays, qui était exécutée à l’origine par de jeunes filles en âge de se marier. Elle est généralement accompagnée d’instruments traditionnels du Cameroun, comme le balafon (sorte de xylophone). Elle sera transcrite plus tard, dans les années 1960-1970, pour la guitare électrique lors de la fusion de la musique camerounaise avec celle, plus moderne, du monde occidental. Le makossa est un genre musical plus moderne élaboré dans les années 1950 à Douala, dans la province du Littoral.

Ces styles musicaux sont anciens, ils descendent de coutumes ancestrales et sont le reflet de nombreuses rencontres différentes. Citons par exemple l’apport musical des Pygmées Bakas qui ont, selon le musicologue français Frédéric Billet, un rapport certain avec la naissance du bikutsi et du makossa. Ou bien encore l’assiko, une danse du peuple Béti à l’origine, reprise par le peuple Bassa’a, qui lui a apporté une première modification, avant d’être modernisée et commercialisée par des artistes camerounais comme Jean Bikolo..

Les instruments traditionnels sont assez variés, allant des percussions aux instruments à cordes. Nous pouvons citer le balafon, le djembé, le ka, la kabosse, la kora, le nbira, le ngoni, l’oud, le mvet, le tama, l’udu, le valiha, le tam-tam, la calebasse, le sifflet ou le sabar. Un autre instrument très typique est sans aucun doute la senza, un instrument qui se joue avec les ongles sur de petites lames métalliques reliées à une caisse de résonance en bois.

Dans les années 1950 et 1960, les musiques africaines traditionnelles sont encore quasi inconnues du public étranger. A partir des années 1980, la musique africaine va se métisser avec la musique occidentale tout en gardant de profondes racines traditionnelles. La musique camerounaise connaît alors une forte professionnalisation.

Les nouveaux musiciens doivent, pour survivre, se nourrir de cultures différentes afin de réaliser un métissage musical original et réussi. Cette notion de métissage ou de fusion est fréquente dans la musique traditionnelle, et nous pouvons rapprocher cette évolution de celle qu’ont connue de nombreux autres pays : le flamenco, par exemple, originaire du sud de l’Espagne, s’est développé en utilisant comme source d’inspiration de nouvelles musiques européennes ou anglo-saxonnes, comme le jazz. Le Cameroun n’échappe pas à cette règle, et son instrumentation évolue dans les années 1970 et 1980 vers la guitare électrique ou la basse qui sont des instruments plus  » vendeurs  » sur le plan international que les traditionnels mvet ou senza. La musique camerounaise, modernisée, connaît alors un succès remarquable dans le monde entier. Précisons que cette nouvelle notoriété est aussi le résultat de l’intérêt que lui ont porté pendant des années les ethnologues, qui ont su faire connaître, petit à petit, la musique camerounaise au grand public.

Cette fusion musicale s’est faite grâce à différents artistes qui ont apporté chacun une nouvelle vision des choses et des éléments de modernité à leurs bases traditionnelles. Mais comment expliquer que tous les musiciens camerounais poursuivent sans cesse des recherches musicales dans le but d’intégrer une notion de métissage dans leur musique ? Chaque ethnie a ses propres raisons pour réaliser ce procédé fusionnel. Il faut savoir qu’au Cameroun, comme dans de nombreux pays d’Afrique, la musique fait l’objet d’un trafic très important de copies avec des réseaux très structurés, ce qui amène aujourd’hui certains artistes à faire un pacte de distribution avec ces réseaux, seul moyen pour eux de dégager un peu de revenu.

Or il y a au Cameroun une forte consommation de musique européenne et anglo-saxonne, par l’intermédiaire de ces disques piratés (vous en verrez certainement sur les marchés ou dans la rue). Les musiciens camerounais, à tous les échelons, ont donc eux aussi écouté ces disques et ont ajouté à cette musique moderne venue des pays développés leur propre touche musicale, pour le meilleur ou pour le pire.

Quelques musiciens originaires du Cameroun

Manu Dibango. De réputation internationale, il est la véritable légende vivante de la musique camerounaise.

Anne-Marie Ndzié. C’est l’une des grandes figures de la musique traditionnelle camerounaise, avec des artistes comme Nelle Eyoum, Elanga Maurice, Charles Lembe, Eboa Lottin, Jean Bikoko ou Medjo Messom Jacob. Elle apparaissait sur scène vêtue d’un costume très typique et fut la première femme à jouir d’une renommée importante, que ce soit au Cameroun ou à l’étranger. Cette chanteuse, bercée dans son enfance par le mvet de son père, décide, après une dramatique mésaventure (qui l’obligea à passer son adolescence à l’hôpital), qu’elle consacrera sa vie au chant. Anne-Marie Ndzié fut la première femme camerounaise à se lancer dans une carrière de soliste dans la chanson. Son style est influencé par les rythmes ancestraux de son pays et par le negro spiritual. Mais elle a aussi monté un duo à succès avec son frère Cromwell Ndzié, qui joue de la guitare hawaïenne. Sa voix devient dans les années 1960 tellement populaire qu’elle est surnommée  » la Maman de la musique camerounaise  » ou encore  » la Voix d’or du Cameroun « . Sa carrière a eu des hauts et des bas, mais son public lui est toujours resté fidèle lors de ses apparitions devenues, avec l’âge (elle a plus de 80 ans), de plus en plus rares.

Petit Pays. De son vrai nom Claude Moundi, ce jeune homme aux allures parfois loufoques, car n’hésitant pas à chanter en public habillé d’une jupette et ayant posé nu sur la pochette de l’un de ses CD, est entré dans la chanson dans les années 1980 avec un titre à succès, Salamalekum. Vingt ans plus tard, il est le numéro un des ventes de disques au Cameroun. Prouvant par là qu’on peut vivre de son art au pays des Lions indomptables, malgré la piraterie qui y sévit. Adulé des adolescents et même des adultes, ses concerts qui constituent des moments de folie sont très courus, et ses déplacements dans les rues provoquent souvent des hystéries collectives. Le 20 mai 2005, il est fait chevalier de l’Ordre de la Valeur ; en 2007, ambassadeur de bonne volonté de Synergies africaines.

K-Tino. Outre ce nom d’artiste par lequel elle s’est fait connaître, K-Tino se fait aussi appeler  » la femme du peuple  » ou bien  » la petite Adeda « . Catherine Edoa Nkou, de son vrai nom, est chanteuse de bikut-si, un rythme du Sud-Cameroun. Dès son premier opus, Ascenseur, K-Tino n’a plus jamais décroché de la tête du hit-parade camerounais de la chanson. Elle est quasiment, actuellement, la seule femme (et même l’unique artiste) capable de remplir les plus grandes salles de spectacle du pays, dont certaines peuvent contenir jusqu’à 1 300 places. Les textes de ses chansons, outrageusement licencieux, ajoutés à ses coups de hanches suggestifs, en garantissent le succès populaire. Elle est, en plus,  admirée de l’épouse du président de la République qu’elle fait parfois danser…

A cette liste non exhaustive peuvent s’ajouter d’autres noms célèbres de la musique camerounaise tels que Charlotte Dipanda, Richard Bona, Lady Ponce ou encore Ben Decca, Dina Bell ou Coco Argentée, Salatiel, Locko, Ko’c, Mimie, Daphnée, Ténor, Lydol, Cysoul, Nda Chi, Kameni, Malhoox,..

Pour les découvrir, rendez-vous dans notre playlist spéciale Cameroun !

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