#ONTHEROAD (2): ExploCiné/Death Proof

Robert Rodriguez et Quentin Tarantino sont mondialement reconnus pour leur patte respective souvent copiée, jamais égalée. Les deux réalisateurs, en effet, partagent un goût certain pour les couleurs qui flashent, les combats sanglants et une nostalgie cinéphilique. Amis dans la vie, ils sortent en 2007 leur double programme: Grindhouse. Celui-ci est composé des long métrages, Death Proof (ou Boulevard de la Mort pour les francophones) et Planet Terror. Ces deux là, bien que pièce d’un ensemble plus large, sont construits de sorte qu’ils se visionnent aussi bien ensemble (et c’est ce que l’on vous recommande) qu’ indépendamment l’un de l’autre.

Death Proof est donc non seulement une pièce du puzzle mais aussi la vision personnelle du Grindhouse par Tarantino. Il s’agit donc bien du 6e film de Quentin et en cela est une oeuvre à part entière. 

Petit point scénario avant toute chose: C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce trio infernal, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente. 

. Grindhouse…  quoi ? 

Le Grindhouse c’est plus qu’un genre, c’est un univers visuel complet avec ses (quelques) codes et une façon de raconter des histoires sans commune mesure. 

Death Proof fait donc partie du diptyque Grindhouse avec le survolté Planet Terror de Robert Rodriguez. Sang, sexe, drogue et gros calibres sont au rendez vous. Ce qui caractérise surtout le Grindhouse c’est cette manière de ne surtout pas se prendre au sérieux. L’étalage impressionnant de seins, pus et autres joyeusetés défile alors à l’écran avec une auto dérision non voilée. On remarquera également (en même temps, il est très difficile de rater ça), l’amour presque obsessionnel des CGI et autres cascades grandioses. Tout ceci se mêle dans une esthétique aux accents vintages 50’s et rend un tout surréaliste et incroyablement visuel. Le Grindhouse possède également ses sujets de prédilection à savoir notamment horreur, thriller et slasher le tout parsemés de relents western. 

Si ce double programme pose les bases du Grindhouse moderne, le phénomène ne date cependant pas d’hier. Le point de départ, en effet, est le “film d’exploitation” des années 50/60’s. Ceux ci sont un tel déchaînement de violence qu’ils ne peuvent être diffusés au sein des réseaux habituels. Le faible budget de leur production également ne les aident pas à se créer une place sur le devant de l’affiche. Ils sont alors distribués dans des théâtres sur la scène desquels se produisait les spectacles de bump’n’grind. C’est d’ailleurs de ceux ci que viendra le nom des ces salles d’un genre nouveau: les Grindhouses. Ces films ont ainsi inspiré toute une génération de cinéastes. 

. La patte de Tarantino 

Death Proof, si il s’insère dans l’univers Grindhouse ainsi que dans le dyptique éponyme de 2007 reste avant tout une oeuvre estampillée Tarantino. Il contient en effet tous les ingrédients de la recette tarantinesque, de même que Planet Terror et Robert, fan de comics, Rodriguez. Chaque plan est minutieusement travaillé et on ressent fortement l’influence des films de l’âge d’or. 

De nombreuses références sont d’ailleurs disséminées à l’écran par Quentin comme à son habitude. Les voitures notamment font l’objet d’une attention toute particulière et renvoient à de grands moments de cinéma mais également aux précédentes oeuvres du réalisateur. On peut apercevoir ainsi un autocollant “Pussy Wagon” sur le pare choc de la voiture sur laquelle Lee s’adosse en attendant que ses amies finissent les courses.  La plaque de Mike, également, qui au début du film affiche JJZ 109 reprend celle de Steeve MCQueen dans Bullitt (Peter Yates, 1969).

. Le Grand Frisson 

La voiture possède une place à part dans l’univers de Tarantino mais également du Grindhouse. Elle est vu presque comme un élément à part entière du casting voire une extension des personnages qui en sont propriétaires. L’amour de la vitesse est d’ailleurs une caractéristique répandue parmi les personnages Grindhouse. 

La route permet aussi d’insérer les personnages et l’action dans la mythologie du héros à la manière du mercenaire des westerns d’antan. 

La route est ainsi la voie de la liberté laquelle permet un déchaînement cathartique et la recherche du Grand Frisson. Elle est d’ailleurs à la base du scénario de Death Proof puisque le point de départ de ce dernier est (justement) un départ en road trip entre amies. 

. Bagnole, bain de sang et féminisme 

 Une telle explosion de violence, trips et boyaux est bien sûr cathartique. Il permet surtout la dénonciation. Les traits des personnages et les situations sont, en effet, étirés au maximum afin d’en démontrer le ridicule. Ce que Death Proof met en ainsi en lumière, c’est la libération des femmes et le spectre de l’homme qui reste tout de même au dessus d’elles. 

Les jeunes filles, si elles sont (très) sexualisées, restent toutefois maîtresses de leur corps et de leurs envies. Elles aiment aussi les grosses bagnoles et n’hésitent pas à jouer de leurs charmes pour amadouer la gente masculine.

Death Proof est ainsi représentatif de l’esprit Grindhouse tant dans son univers narratif que dans sa construction visuelle. Il trouve également complètement sa juste place au sein de la filmographie de Quentin Tarantino. Une bande originale cultissime achève de faire de ce film un indispensable. Si le double programme fut un échec commercial, son impact continue de se faire sentir sur la route de la cinéphilie.

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans la découverte de cet univers explosif:

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